Edurne Rubio

  • BE
  • ES

Au cours des dernières années, Edurne Rubio (Burgos, 1974) mène une recherche permanente sur la perception subjective du temps et de l’espace. Intéressée par les contextes qui font de la perception une donnée variable et mutante, oubliée ou archivée, elle cherche à mettre en association ou en opposition des façons de percevoir la réalité avec l’objectif de créer une deuxième réalité composée.

Son travail se rapproche du documentaire et de l’anthropologie, avec l’utilisation d’interviews, d’images d’archives et de la recherche sur la communication orale.

La narration s’articule souvent autour de l’architecture. L’architecture comme une charnière entre l’extérieur et l’intérieur ; le public et le privé ; le passé, le présent et le futur. Un corps qui accumule des histoires de vie, des rêves et des échecs. En quelque sorte, l’architecture est le témoin parfait pour sa quête.

Attirée par la périphérie des situations purement artistiques, elle est intéressée par la création de lieux d’échanges à la frontière de l’espace spécifique à l’art contemporain, dans un espace plus large et indéfini où la culture se construit et se transforme.

Entre 2004 et 2009, Edurne Rubio a réalisé desde (depuis), un projet spécifique conçu pour des bâtiments qui avaient une certaine activité dans le passé et ont été transformés en centres d’art. Un parcours audio à travers l’espace et le temps : La Laboral (Gijón), Fondation Serralves (Porto), Arteleku (San Sebastián).

Ensemble avec sa soeur Clara Rubio (sociologue), commence en 2007 le projet Histoires Jumelles, une archive subjective et infini d’histoires parallèles, réelles ou fictives, recueillies dans différents pays et proposées au public comme expo, film, conférence ou émission radio: Festival Plateaux (Frankfurt), Festival In-Presentable (Madrid), Musée Ethnographique de Castilla y León (Zamora), Fondation Serralves (Porto), Gallerie Koma (Mons).

En 2011 et 2012, Edurne Rubio présente deux projets « mirador » dans deux tours, un regard sur la ville depuis leur hauteur : From Up There (Todaysart Festival, Bruxelles) et Retroterra, avec l’artiste italienne Anna Rispolli (Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles).

Actuellement, elle travaille sur la performance CASA à partir des photographies d’architecture moderniste. Une réflexion sur la présence et l’absence, sur la façon dont nous voyons les choses, mais aussi sur ce que nous ne parvenons pas à voir.

CASA

Pour sa première exposition personnelle en France, Edurne Rubio, artiste espagnole, présente les œuvres qu’elle a réalisées lors de sa résidence à Paradise de novembre 2013 à mai 2014.

« L’ancienne ville – l’ancienne vie – et la nouvelle se superposent dans mon esprit plutôt qu’elles ne se succèdent dans le temps : il s’établit d’une à l’autre une circulation intemporelle qui libère le souvenir de toute mélancolie et de toute pesanteur ; le sentiment d’une référence décrochée de la durée projette vers l’avant et amalgame au présent les images du passé au lieu de tirer l’esprit en arrière. »

Julien Gracq, La forme d’une ville, 1985.

Chez Lui

  • Performance
  • Vernissage

Vernissage le mardi 20 juin 2014 à 18h30, performance « Chez Lui » à 19h00.

Tu entends ce que j'écoute ?

Cette exposition présente le travail des deux artistes en résidence à Paradise jusqu’en mars 2014.

 

Edurne Rubio

Comment atteindre ce qui n’est pas là, ce qui n’est plus là?
À quel distance est l’absence? À combien de pas est-elle?
Comment écouter une image?
Je suis sûre d’avoir entendu ces chiens même si ça fait 50 ans qu’ils sont morts.
Oui, sûrement c’est plus une question de temps que d’espace…

Edurne est en résidence à partir du mois de novembre 2013 jusqu’en mars 2014.
Elle exposera le travail réalisé lors de sa résidence au mois d’avril 2014.

 

Loreto Martínez Troncoso

Paradise, 14 novembre 2013

Chèr·e·s lectrices, lecteurs,

(Aujourd’hui, je peux dire que) Ça fait presque douze ans que je parle et que je travaille avec et autour de la parole. De l’acte, de l’envie, de la difficulté et de la nécessité de dire.

Né d’une rencontre avec une langue qui n’est pas la mienne, mon travail a pris la forme de prise de parole, à un moment et dans un lieu donné. Parole qui essaie de suivre le cheminement d’une pensée, de sa dérive… Parole qui trace la nécessité et l’impossibilité d’une saisie… Des « prises de parole » toujours dirigées à un « vous », « vous qui êtes là, ici et maintenant ». Un vous « qui est venu ici pour voir quelque chose ou… ». Une parole adressée à un destinateur (et une situation) qui donne le ton et la couleur/chaleur de ce qui est, dit…

– Mais quelle place reste-t-il possible pour la parole ?

Ces paroles apparaissaient dans des contextes, des moments transitoires ou non attendus. Comment être là où on n’attend pas… Et si être, comment être de la façon qu’on n’attend pas ? Ces contextes, ces situations ont été les déclencheurs de ces paroles et généraient la plus part de leur contenu.

Une fois là, ici et maintenant, j’ai commencé à parler de l’envie de ne plus être là. Peut-être par une fatigue ou par (une installation d’une) habitude. Peut-être par le désir d’un autre devenir… Oui. C’est à partir de ce moment là, de cette prise de conscience, que j’ai commencé à parler de l’envie et/ou même nécessité de partir et de s’écarter. « De se sentir… lejos de todo. De se perdre… »

(petit temps…)

Petit à petit… cette parole a quitté (l’adresse à) son destinateur jusqu’à soliloquer, dans l’attente, d’un « autre ». Monologuer à son entourage ou se parler à soi-même jusqu’à presque se taire.

(silence)

Oui, aujourd’hui, après ce presque douze ans que je parle ­– paroles publiques, adressées… paroles enregistrées, destinées à… – je me demande qui est ce « je » qui parle, quelles sont et d’où viennent « ces voix » du je qui parle. Qu’est-ce qu’elles disent et qu’est-ce qu’elles taisent. Qu’est-ce qu’elles taisent en disant et qu’est-ce qu’elles disent en se taisant. Paroles silencieuses et/ou silenciées…(1)

Et au-delà des mots, c’est quoi qui parle, au-delà des mots ?

[ à suivre ]

____________
(1) Au silence. Ça pourrait être un beau titre. Oh, silence !

Loreto Martínez Troncoso est en résidence à partir du mois de novembre 2013 jusqu’en janvier 2014.
Elle exposera le travail réalisé lors de sa résidence au mois de février 2014.

Vernissage