Margaux Bricler
Margaux Bricler est née en 1985 à Paris.
Elle a d’abord étudié la littérature et l’histoire de l’art italiennes à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.
En 2008, elle est entrée à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, d’abord dans l’atelier de Christian Boltanski, puis dans celui de Giuseppe Penone (2009-2012). Sous la direction de Didier Semin, elle a soutenu un mémoire intitulé « Métaphores Funéraires, la dystopie s’émiette dans la seconde avant-garde ».
En juin 2013, elle a présenté son Diplôme National Supérieur d’Arts-Plastiques, pour lequel elle a obtenu les félicitations du jury.
Son travail a été montré à Paris (Galerie Michel Rein, Palais des Beaux-Arts, Galerie Odile Ouizeman, Galerie Coullaud & Kolinsky), au couvent de la Tourette à Lyon, à Rotterdam, à LOOP Barcelona, à Madrid, à Murcia…
Le 19 mars 2016 ouvre sa première exposition personnelle à la Galerie Michel Rein, à Paris.
Ici en excès sur toute présence
L’exposition fait suite à sa résidence de juin-juillet 2017.
Sous nos paupières closes, les formes se muent en mots et les mots, à leur tour, en mémoire.
Dans les eaux glacières des iris, les récits prolifèrent, si bien que la vue, en tant que sens, n’existe pour ainsi dire jamais sans son corollaire intime : la lecture.Que peut-il advenir lorsqu’au regard s’offrent des formes — a fortiori des sculptures — dépeuplées de leur texte ?
Que peut raconter un contenant désarticulé ? Que peuvent formuler la particule, le graphème, l’alphabet, privés de syntaxe ?
Les motifs récurrents de notre mémoire rétinienne s’étiolent dans la chaux et le gravas. Ils se taisent. Et convoquent dans leur silence austère les absents tutélaires.
L’énigme, la forme, la formule : ces objets épars obéissent à une géométrie non-euclidienne.
La dessiccation des chairs et la perte du verbe les a laissés dériver sur la frisure du temps. Échoués sur un rivage atone, nous les recueillons et leur inventons une histoire. Le jeu et ses règles incombent à chacun.
Le temps revient.
Margaux Bricler, août 2017
Le temps, la syntaxe, la formule magique.
Ici, en excès, sur toute présence.
Ici en excès sur toute présence a reçu le soutien de : Cité Internationale des Arts de Paris
Vernissage
Les Baricades Mistérieuses
Cette exposition présente le travail de Margaux Bricler avant sa résidence à Paradise en juin et juillet 2017.
« Je m’allongeai à ce moment là dans l’herbe, le crâne sur une grande pierre plate et les yeux ouverts juste sous la voie lactée, étrange trouée de sperme astral et d’urine céleste à travers la voûte crânienne formée par le cercle des constellations : (…) un œuf, un œil crevés ou mon propre crâne ébloui et pesamment collé à la pierre en renvoyaient à l’infini des images symétriques. »
Georges Bataille, Histoire de l’œil, 1928
Margaux Bricler, dont la trajectoire artistique fut un temps proche du minimalisme, s’enracine dans le champ de l’évocation poétique et de la matière, et réunit une dizaine de pièces issues des séries la Prose du Monde (2014 – 2016) et les Vestiges du Hasard (2016 – …).
L’artiste déploie une esthétique dans laquelle se mêlent un romantisme contemporain quasiment sur-réel et de nombreuses allusions à l’iconographie du Quattrocento et aux codes de l’alchimie, cette discipline philosophique qui combinait la physique, l’astrologie, la philologie, la sémiotique, la spiritualité et l’art.
La répétition de notions et d’objets, délibérément présente dans l’exposition, laisse affleurer une curieuse obsession à l’égard du rôle que le hasard joue dans nos vie. Depuis l’organisation de l’univers jusqu’à l’impossible position de deux dés lancés sur un plateau, en passant par l’amour indomptable et capricieux, tout paraît être régi par de secrètes lois que les pièces de l’artiste peuvent, par épiphanie, rendre visibles.
Il semble qu’il nous soit dit : c’est à l’endroit précis où le langage devient caduc pour délivrer un contenu instable et occulte que surgit l’art. Et l’art se matérialise ici tel un jeu vital, cosa mentale, que le spectateur doit oser jouer à son tour.
Les Baricades Mistérieuses a reçu le soutien de : Cité Internationale des Arts de Paris