Neal Beggs
Un texte de Pierre Giquel écrit à l’occasion de « Still not out of the wood », une exposition de Neal Beggs à la galerie Aliceday, Buxelles.
Les refus d’obéissance de Neal Beggs
Atypique, frondeuse, l’œuvre cultive l’art de la modification, avec une grande exigence certes mais toujours avec le souci de préserver la part d’étonnement contenue dans chaque nouvelle proposition. En effet avec Neal Beggs, admettons une belle fois pour toutes qu’une exposition c’est toujours le lieu d’un cheminement, d’une oscillation. Et si l’escalade fut et reste une clé possible pour aborder la singularité d’une telle démarche, elle ne doit pas trop ostensiblement être la seule. D’ailleurs l’artiste aura tôt fait de nous emmener ailleurs, aux confins du langage par exemple, ou encore en questionnant l’histoire, traversant avec une égale souplesse les genres, les catégories, convoquant la sculpture, les mots, les actualités, la musique, les gestes…
« Still not out of the woods », titre de l’exposition de Bruxelles, pourrait figurer comme titre de roman ou de chanson, ou de film. Dès lors tout semble possible. Pour une lecture formelle mais tout aussitôt mouvante, nous parcourons l’exposition, définitivement perturbés : car chaque pas nous conduit vers des territoires qui s’ils ne sont pas contradictoires semblent traversés de mines terrifiantes ou de conduits plus doux. Neal Beggs jouent des heurts comme des glissements, glissements de sons, de formes, jeux de répétition mais aussi de divergences fortement soulignées.
La prégnance d’une forme, l’obus, multipliée, alignée, assemblée ou soudainement solitaire, devient le lieu d’un brouillage. Chaque obus, de bois sculpté, prend dans l’espace des apparences volontiers contradictoires. Armée, mais aussi totem, tas mais aussi objets mortuaires, l’obus s’absente pour devenir un objet aux limites du Kitsch. Mais l’étoile peinte sur chaque sculpture de guerre renvoie soudainement au drapeau américain, l’humour devient féroce, précis, l’image se tend. Nous circulons dans un cimetière, la guerre aussi est un processus.
Dissociations et associations suscitent des jeux de séduction et de malaise. Politique, on l’a souvent qualifiée ainsi, l’œuvre refuse l’enfermement, attentive à cueillir au passage les énergies illogiques. Le changement de statut des mots par exemple comme des objets, des signes, nous force à vivre une expérience qui n’est pas dénuée de fantaisie, rumeur paradoxale d’un « programme » qui ne se restreint pas à un message. Le bois, les bois, auront tôt fait de s’écarter comme dans une pièce dramatique, laissant l’espace vacant pour une chanson célébrant les grands rassemblements musicaux au milieu des charniers causés par des guerres répétées, contemporaines ou non. Dans le mur, plantée comme un pinceau violent, signature entêtante, une hache tranche dans le sujet, secouant d’un fracas inédit l’idée de décor qu’offre toute exposition.
Pierre Giquel
Shady Grove
Neal Beggs a emprunté le titre de son projet Shady Grove à la chanson du registre folk Américain.
Celle-ci raconte le retour à un contexte plus favorable et sans contrainte.
Shady Grove peut être envisagé comme un Paradis.
Adoptant une approche libre et intuitive, Neal Beggs a invité plusieurs artistes à créer, développer et présenter des pièces indépendantes tout au long de sa résidence.
Les enregistrements réalisés durant les différentes interventions seront gravés sur des vinyles et présentés dans l’exposition.
Work in progress | 25 mars – 15 mai
Vernissage | 27 avril à 18h30
Finissage | 15 mai à 18h30
Performances | 18 avril – 21 avril
avec David Michael Clarke, Yaïr Barelli, Romain Rambaud, Elsa Tomkowiak, Damien Moreira, Florian Sumi, Jérôme Joy, Anthony Taillard, Christophe Havard, Baptiste Fertillet, Charlie Jeffery, Benoît Travers, Frédéric Emprou.