Tu entends ce que j’écoute ?

Tu entends ce que j’écoute ?

Cette exposition présente le travail des deux artistes en résidence à Paradise jusqu’en mars 2014.

 

Edurne Rubio

Comment atteindre ce qui n’est pas là, ce qui n’est plus là?
À quel distance est l’absence? À combien de pas est-elle?
Comment écouter une image?
Je suis sûre d’avoir entendu ces chiens même si ça fait 50 ans qu’ils sont morts.
Oui, sûrement c’est plus une question de temps que d’espace…

Edurne est en résidence à partir du mois de novembre 2013 jusqu’en mars 2014.
Elle exposera le travail réalisé lors de sa résidence au mois d’avril 2014.

 

Loreto Martínez Troncoso

Paradise, 14 novembre 2013

Chèr·e·s lectrices, lecteurs,

(Aujourd’hui, je peux dire que) Ça fait presque douze ans que je parle et que je travaille avec et autour de la parole. De l’acte, de l’envie, de la difficulté et de la nécessité de dire.

Né d’une rencontre avec une langue qui n’est pas la mienne, mon travail a pris la forme de prise de parole, à un moment et dans un lieu donné. Parole qui essaie de suivre le cheminement d’une pensée, de sa dérive… Parole qui trace la nécessité et l’impossibilité d’une saisie… Des « prises de parole » toujours dirigées à un « vous », « vous qui êtes là, ici et maintenant ». Un vous « qui est venu ici pour voir quelque chose ou… ». Une parole adressée à un destinateur (et une situation) qui donne le ton et la couleur/chaleur de ce qui est, dit…

– Mais quelle place reste-t-il possible pour la parole ?

Ces paroles apparaissaient dans des contextes, des moments transitoires ou non attendus. Comment être là où on n’attend pas… Et si être, comment être de la façon qu’on n’attend pas ? Ces contextes, ces situations ont été les déclencheurs de ces paroles et généraient la plus part de leur contenu.

Une fois là, ici et maintenant, j’ai commencé à parler de l’envie de ne plus être là. Peut-être par une fatigue ou par (une installation d’une) habitude. Peut-être par le désir d’un autre devenir… Oui. C’est à partir de ce moment là, de cette prise de conscience, que j’ai commencé à parler de l’envie et/ou même nécessité de partir et de s’écarter. « De se sentir… lejos de todo. De se perdre… »

(petit temps…)

Petit à petit… cette parole a quitté (l’adresse à) son destinateur jusqu’à soliloquer, dans l’attente, d’un « autre ». Monologuer à son entourage ou se parler à soi-même jusqu’à presque se taire.

(silence)

Oui, aujourd’hui, après ce presque douze ans que je parle ­– paroles publiques, adressées… paroles enregistrées, destinées à… – je me demande qui est ce « je » qui parle, quelles sont et d’où viennent « ces voix » du je qui parle. Qu’est-ce qu’elles disent et qu’est-ce qu’elles taisent. Qu’est-ce qu’elles taisent en disant et qu’est-ce qu’elles disent en se taisant. Paroles silencieuses et/ou silenciées…(1)

Et au-delà des mots, c’est quoi qui parle, au-delà des mots ?

[ à suivre ]

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(1) Au silence. Ça pourrait être un beau titre. Oh, silence !

Loreto Martínez Troncoso est en résidence à partir du mois de novembre 2013 jusqu’en janvier 2014.
Elle exposera le travail réalisé lors de sa résidence au mois de février 2014.